Bonjour et merci pour votre article! Je crois que tout est bien résumé à propos des rencontres "en ligne". J'ai aussi fait des expériences virtuelles il y a une vingtaine d'année. J'adorais tchatter, faire des rencontres sur internet et j'adorais n'avoir plus cette barrière du handicap. Je n'en parlais pas et c'était comme si, enfin, j'étais considérée normalement. Je pouvais être quelqu'un d'autre! Bien entendu, il y a eu aussi ces moments où j'avais envie de rencontrer la personne en vrai. Se sont posées alors exactement ces questions: dois-je lui dire? ou pas? comment réagirait-il? voudrait-il quand-même de moi? Les rencontres du virtuel au réel n'ont finalement jamais été satisfaisantes, parce que je crois qu'elles ont toujours été idéalisées, fantasmées de part et d'autre. Ces relations ne sont pas spontanées, et pour moi, dénuées d'expression, même si parfois, les sentiments et émotions ressenties sont bien réels, eux. La clé du rapprochement c'est pour moi une rencontre, une confrontation en réel. Le handicap n'est pas caché, même s'il est sûrement mal compris au départ. La magie opère, ou la magie n'opère pas. C'est parfois plus qu'un corps, qu'une voix, qu'un vécu. C'est une alchimie inexplicable, mais bien réelle pourtant. Les nouvelles rencontres (amicales ou amoureuses) sont souvent inconfortables, mettent mal à l'aise, nous mettent dans la confusion: est-ce qu'on plait à l'autre? Qu'est-ce qu'il peut bien penser de moi? J'ai dit des choses si bêtes! Pourquoi je lui ai raconté ça? J'ai un truc dans les dents, il l'a sûrement vu! J'ai pas vu le temps passé! J'ai l'impression de le connaître depuis si longtemps! Cette personne est géniale! Cette personne me plaît! Bien sûr les nouvelles rencontres nous font nous interroger sur la vie de l'autre, et le handicap soulève tout un tas de questions chez l'autre. Je crois aussi que le handicap, s'il est mal perçu ou qu'il fait fuir certains, n'est pas toujours un frein non plus. Si la personne est là, nous parle et nous écoute, c'est que la première étape est déjà franchie. Pour ma propre expérience, plus vite on me demandait "ce que j'avais eu", plus vite le malaise était dissipé. Certaines personnes n'hésitent pas à poser plein de questions, certaines personnes attendent qu'on en parle. Et le fait est que: on est obligé d'en parler et c'est ceci même qui détend l'atmosphère. Est-ce que pour autant, on va tout de suite se poser des questions sur la vie sexuelle de l'autre, sur sa potentielle impuissance, sur ses désirs cachés, sa manière de s'y prendre ou que sais-je? non, je ne pense pas! Certaines choses se disent, d'autres s'expérimentent malgré la peur de l'inconnu. Votre remarque par rapport à votre collègue est quelque chose que de très courant. Vous devriez à mon avis attendre qu'elle vous demande de l'aide si elle en a besoin. Et vous devriez lui offrir votre aide si cela vous fait plaisir ou si vous pensez qu'elle est en difficulté. Mais vous devriez surtout en parler, car ça, et seulement ça vous permettra de comprendre mieux les choses et d'arrêter de vous poser des questions :-) Je me rappelle une fois une collègue qui me disait: "je ne sais jamais bien si je dois te tenir la porte ou pas". Et je lui ai répondu "je ne sais jamais trop si j'ai envie ou si j'ai besoin qu'on me tienne la porte ou pas!"
... Mehr anzeigen