Avec myPeer, Therese Kämpfer propose un coaching pour toutes les formes de maladie, de dépendance ou de coup du sort.
- 7 Minutes de lecture
- 27 février 2025
- Christine Zwygart
« Est-ce que tes enfants ont honte de toi ? » « Comment fais-tu pour monter dans un avion avec ton fauteuil roulant ?» « As-tu encore une vie sexuelle épanouie ? » Les questions que Therese Kämpfer a entendues en tant que coach-pair au Centre suisse des paraplégiques (CSP) étaient variées et tirées du vif de la vie.
C’est ici même que cette tétraplégique a commencé, il y a 20 ans, à soutenir les personnes récemment paralysées médullaires en leur apportant conseils et soutien. « Cette offre est née d’un besoin », raconte la femme de 66 ans. Elle travaillait à l’époque dans la gestion de la qualité au sein du CSP. Dans ce cadre, elle a mené des entretiens avec des patientes et des patients avant leur sortie de la clinique, afin d’en savoir plus sur leur satisfaction et l’utilité de la réadaptation.
Cependant, les médecins de la clinique lui demandaient régulièrement si elle pouvait aussi parler à la patiente X ou au patient Y, car ceux-ci avaient des questions spécifiques sur des sujets tels que la mobilité, la vie de famille ou l’aménagement du logement.
Depuis plus de 20 ans, Therese Kämpfer effectue un précieux travail de pair et transmet désormais aussi ses connaissances lors de cours.
L’association myPeer a pour ambition de révolutionner le coaching par les pairs
Ce qui a commencé à petite échelle au CSP s’est aujourd’hui développé en un mouvement national – grâce à Therese Kämpfer et sa fille Alexandra. Les deux femmes ont fondé l’association myPeer en février 2021 et se sont fixé pour objectif de révolutionner le travail de pair en Suisse.
Leur vision : les pairs doivent devenir une partie intégrante des équipes interdisciplinaires dans le secteur de la santé et être aux côtés des personnes concernées. Et pour cause : les pairs sont des experts par expérience – leurs connaissances et leur compréhension ont une valeur énorme. « Pour nous, il a toujours été clair que cela s’appliquait à tout type de maladie, de dépendance ou de coup du sort », explique Therese Kämpfer.
Lorsque des personnes sont victimes d’un accident ou d’une maladie grave, elles se posent mille questions. Leur existence est peut-être menacée ou elles se demandent si une vie pleine de sens est encore possible. Ceux qui ont vécu la même expérience connaissent bien ces angoisses.
« Les soins médicaux en Suisse sont très bons. Pourtant, il manque souvent une aide à la vie compétente. »
Therese Kämpfer, présidente de myPeer
L’association myPeer forme des coachs professionnels au conseil et à l’accompagnement : « Car être soi-même concerné ne suffit pas ». Mener des discussions, réfléchir à ses pensées, respecter la protection des données, fixer ses propres limites, connaître ses valeurs et les défendre – voilà autant de thèmes qui sont abordés lors de la formation.
Les quatre cours de coaching par an organisés par myPeer sont totalement complets.
Plus de 160 personnes confrontées aux problèmes et coups du sort les plus divers ont déjà suivi la formation depuis 2022. Parmi elles, il y a des personnes souffrant de burnout ou de dépression, de diverses maladies comme la sclérose en plaques, le cancer ou des problèmes psychiques, d’alcoolisme, de cécité ou des séquelles d’un accident vasculaire cérébral, ainsi que des personnes qui ont perdu un enfant ou un partenaire.
Le travail de pair dans la pratique
L’une des personnes ayant suivi la formation est Andrea Zemp. Elle est infirmière diplômée ES et mère de trois enfants. Sa fille est née prématurément et avec un spina bifida : « En tant que maman concernée, j’aimerais transmettre les connaissances que j’ai accumulées et chercher avec d’autres parents une solution qui corresponde exactement à leur situation ».
Lorsqu’un enfant tombe malade ou souffre d’un handicap, il est essentiel de conseiller et d’accompagner les parents, mais malheureusement, le temps manque souvent à l’hôpital pour ce travail important. « J’apprécie beaucoup l’échange. C’est beau quand une famille trouve, grâce au conseil, quelque chose qui la soulage financièrement, psychiquement ou physiquement ».
Grâce au travail de pair, les nombreuses informations précieuses ne se perdent pas – les générations futures de parents en profiteront. C’est important pour Andrea Zemp, et c’est pourquoi elle met également à disposition une liste de liens utiles.
Andrea Zemp soutient les parents de prématurés et d’enfants atteints de spina bifida.
Ne pas laisser les personnes concernées seules face à leur destin, c’est aussi l’engagement de Monika Rolli. Elle s’est vu diagnostiquer une sclérose en plaques il y a neuf ans et propose aujourd’hui des traitements de reiki et un travail de pair : « Je montre aux personnes atteintes de maladies somatiques et chroniques et à leurs proches de nouvelles perspectives pour faire face aux situations de vie difficiles et renforcer leur bien-être ».
Déjà avant la formation myPeer, Monika Rolli travaillait comme conseillère. Entre-temps, elle a créé son propre cabinet et travaille également en tant que chargée de cours et enseignante-pair invitée dans différentes (hautes) écoles et institutions.
Pour elle, c’est l’être humain et sa santé qui sont au centre, et c’est la seule chose qui compte : « Dans le domaine de la santé, le travail de pair offre un autre point de vue, qui est d’une grande valeur ajoutée pour les personnes concernées comme pour les professionnels de la santé ».
Monika Rolli est là pour les personnes souffrant de maladies chroniques et psychosomatiques et de problèmes tabous.
Un plus grand soutien politique est nécessaire
Quatre années d’existence de myPeer, cela signifie aussi quatre années de lutte pour la reconnaissance et la rémunération des coachs. Therese Kämpfer est fière de ce qui a été accompli, mais elle sait aussi que le chemin est encore long : « Les assurances accidents ou les caisses maladie devraient prendre en charge le travail de pair », estime-t-elle.
Dans la réalité, il n’existe à ce jour aucun organisme payeur – à l’exception de certaines cliniques ou organisations. Pour que cela change, il faudrait une formation reconnue au niveau fédéral, dont la mise en œuvre ne peut guère être assumée par l’association myPeer seule. C’est pour cette raison qu'une association faîtière du travail de pair a été créée en juin 2024.
« Pour démontrer les effets positifs de notre travail de pair, il faudrait qu’il fasse l’objet de recherches scientifiques. Nous espérons pouvoir lancer un tel projet ».
Therese Kämpfer
Alexandra Kämpfer et Ute John sont enseignantes en école professionnelle, formatrices d’adultes et infirmières en soins intensifs, et elles s’occupent en outre des cours myPeer en tant que responsables de la formation. Avec Ursula Gröflin et Dominique Hirschi, elles soutiennent Therese Kämpfer dans le travail de l’association.
« Nous sommes fières que la formation myPeer rencontre un tel succès et que nos quatre cours annuels soient complets jusqu’à la dernière place », déclare Alexandra Kämpfer. En 2026, il est même prévu d’ajouter quelques jours à la formation de neuf jours afin de pouvoir aborder les contenus de manière encore plus intensive. L’équipe myPeer a réussi à faire connaître le travail de pair, et tout le monde y met du cœur, de la flexibilité et de la créativité.
Alexandra Kämpfer et Ute John enseignent pendant la formation myPeer.
« Notre vision est toujours la même qu’au début : les pairs doivent devenir une partie intégrante du système de santé », explique Alexandra Kämpfer. Pour la mise en œuvre, il est important de trouver un bon soutien au niveau politique et d’avancer ensemble avec d’autres organisations. « Pour que le savoir empirique soit reconnu et rémunéré financièrement – et que chaque institution intègre le travail de pair dans sa charte ».
Offres de pairs en Suisse
Ceux qui cherchent un pair peuvent trouver la personne adéquate sur la plateforme « Peer Pool » de l’association myPeer, spécialement conçue à cet effet. Spécifiquement pour les personnes paralysées médullaires, l’Association suisse des paraplégiques propose également une offre de conseil par les pairs. Pendant la première réadaptation, les patientes et patients bénéficient d’un soutien par les pairs au CSP.
Avez-vous déjà consulté un coach-pair ? Nous sommes impatients de connaître vos expériences.