Avec de l'assurance et les bonnes techniques, il est possible de repousser les attaques. Nous vous expliquons comment cela fonctionne
- 11 minutes de lecture
- 26 octobre 2023
- Anita S.
Une attaque, un acte de violence, une agression : ces évènements brutaux inattendus sont des scénarios d'horreur pour nous tous. Souvent, les victimes ne sont pas capables de se défendre efficacement sous le coup de la surprise. Ce n'est pas une fatalité ! En se préparant à ces situations exceptionnelles dans le cadre d'exercices ciblés et en s'entraînant aux techniques correspondantes, il est possible, dans l'idéal, d'empêcher les agressions, de les désamorcer ou de mettre en fuite les agresseurs (surpris) – même si l'on est prétendument une « proie facile ».
Sortir du rôle de victime !
Le saviez-vous ? Les agresseurs choisissent le plus souvent leurs victimes en fonction de leur langage corporel. C'est pourquoi nous commençons par quelques règles de base :
- Avoir une allure assurée : se montrer sûr de soi dans sa posture, ses gestes et ses mimiques
- Maintenir le contact visuel
- Parler fort et clairement ou crier
- Interpeller les passants à proximité
- Montrer sa volonté de se défendre
- Avoir de la « jugeote » pour évaluer correctement les situations
- Dans le pire des cas : appliquer les techniques d'autodéfense apprises
« L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat. »
Sun Tzu, 544 av. JC
De la théorie …
Les personnes atteintes de handicaps peuvent également acquérir des techniques efficaces pour se défendre elles-mêmes en cas de besoin, même contre des adversaires plus forts physiquement. Quelles sont les différences entre les diverses disciplines ?
Alors que les sports de combat (par ex. boxe en fauteuil roulant) sont une confrontation compétitive avec d'autres sportifs, les arts martiaux (par ex. tai-chi) mettent l'accent sur la perfection du mouvement. Cela permet de développer la personnalité, la maîtrise de soi et la concentration.
Les techniques des arts martiaux et des sports de combat servent de base à l'autodéfense : il s'agit d'apprendre des méthodes pratiques pour la défense de la vie et de l'intégrité corporelle, qui contribuent en même temps à une plus grande sécurité et donc à une meilleure qualité de vie.
… à la pratique
Pendant un cours d'autodéfense, différents axes sont développés :
- Prévention : manière de paraître, protection contre les regards indiscrets, surmonter la sidération
- Désescalade : comportement verbal
- Défense physique : légitime défense simple et efficace
- Forme, condition physique et mobilité
La défense physique est la dernière étape d'une défense efficace. Pour éviter le « freeze mode », il faut être attentif et paré et savoir gérer sa peur de manière constructive. En plus de la défense verbale, des techniques d'autodéfense adaptées et mobilisables même en situation de stress s'avèrent utiles en cas d'urgence.
Des entraîneurs spécialisés expérimentés adaptent ces techniques aux capacités individuelles des participants. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les personnes en fauteuil roulant ont souvent des possibilités de défense très bonnes et efficaces grâce à la distance de combat proche.
Selon le type de handicap, il existe différentes possibilités de se défendre soi-même. En situation critique, le fauteuil roulant peut également offrir des avantages en tant qu'« arme » : une rotation rapide ou encore une marche arrière ou avant rapide peuvent, dans certaines circonstances, briser les tibias des agresseurs. Mais il n'est pas nécessaire d'en arriver là ...
IKKAIDO Suisse
La plus grande organisation sportive au monde dans le domaine des formes de mouvements et des arts martiaux inclusifs est active sur tous les continents. IKKAIDO Suisse est un groupement d'écoles, de fédérations et d'associations d'arts martiaux qui organisent des entraînements d'arts martiaux (budō) pour les personnes avec ou sans handicaps. Budo est le nom générique des arts martiaux japonais tels que le jiu-jitsu, le judo, le karaté et l'aïkido, qui, outre l'aspect du combat, transmettent également des enseignements intérieurs.
Voici quelques contacts qui proposent des cours d'autodéfense ou des formations adaptés :
PluSport : Karaté pour tous
Alessandro Aquino dirige l'école de karaté Wadokai Karateschule Rorschach, où il enseigne le karaté traditionnel japonais en tant que sensei (maître). Après avoir organisé le premier entraînement de karaté pour un groupe Insieme en 2011, ce thème est devenu une affaire de cœur pour l'actuel chef de projet et fondateur de l'association Karaté pour tous.
Depuis 2021, il soutient les écoles de karaté existantes dans la mise en place de nouveaux cours pour les personnes en situation de handicap, sur mandat de PluSport, l'organisation faîtière du sport-handicap en Suisse. De plus, des camps de karaté PluSport ont lieu chaque année. D'ailleurs, en cas d'intérêt, les offres correspondantes sont organisées.
Une « symbiose entre sport de combat, art martial et autodéfense » joue un rôle central dans les cours. En effet, les techniques de karaté renforcent la confiance en soi et l'énergie positive, ce qui aide également à surmonter les agressions déjà vécues.
« Les personnes en fauteuil roulant sont entourées de beaucoup de métal – idéal pour l'autodéfense. »
Karaté Taisho
Depuis 2016, l'école de karaté Taisho propose un cours de sport pour personnes en situation de handicap en collaboration avec PluSport et le BSC Luzern (club de sport handicap Lucerne). La seule condition pour les personnes ayant un handicap physique, mental ou psychique est de disposer d'une certaine autonomie dans la vie quotidienne.
Avant l'entraînement de karaté en groupe, les cours individuels permettent de définir la situation de départ et d'apprendre les positions de base. Jusqu'à onze personnes, âgées de 12 à 52 ans et présentant les handicaps les plus divers, s'entraînent le lundi de 19 à 20 heures (sauf vacances scolaires) dans le gymnase Dula à Lucerne.
Le kyusho pour les personnes en fauteuil roulant
Le kyusho est idéal pour les personnes présentant des handicaps, car la technique nécessite moins de force, de rapidité et d'habileté. L'effet sur l'agresseur est énorme, car les structures anatomiques les plus faibles sont attaquées.
Richard Emery, directeur technique et président de Kyusho Chaise Roulante (KCR), était passionné de sports de combat et professeur d'aïkido et de shiatsu. Avec Kilian Forclaz, professeur de kyusho et président de Kyusho-VS, Emery a développé, après plusieurs années de recherche, un nouvel art martial : le kyusho pour les personnes en fauteuil roulant. Ensemble, les deux passionnés ont adapté, développé et créé une méthode d'autodéfense efficace, intégrant des approches énergétiques et thérapeutiques.
Un premier cours a eu lieu en 2010 en collaboration avec le Club en fauteuil roulant du Valais romand. Depuis lors, des cours de kyusho pour personnes en fauteuil roulant sont régulièrement proposés dans le gymnase de la clinique de réadaptation SUVA à Sion. Les prochaines dates et de plus amples informations sont disponibles sur le site internet de Kyusho KCR.
Autodéfense avec le wing tsun
Le wing tsun doit permettre de reconnaître les situations dangereuses avant qu'elles ne s'enveniment. Les participants reconnaissent le langage corporel de l'adversaire et apprennent des techniques de désescalade efficaces avec une faible dépense d'énergie. L'EWTO-Schulen Schweiz GmbH propose depuis plus de 40 ans des offres d'autodéfense dans une trentaine d'endroits en Suisse. Les personnes intéressées peuvent s'adresser directement à une école proche de chez elles et participer à une leçon d'essai.
« Nous ne proposons pas de cours séparés pour les personnes en fauteuil roulant, mais nous les intégrons dans les cours collectifs normaux. Cela correspond en fin de compte à la situation à laquelle elles sont confrontées dans la vie quotidienne. »
Regula Schembri, directrice générale EWTO-Schulen Schweiz GmbH
Fernando Buonocore confirme que le wing tsun est également adapté aux personnes en fauteuil roulant. En raison d'une myéloméningocèle, la forme la plus grave et la plus fréquente de spina bifida, il est en fauteuil roulant depuis sa naissance. En tant que personne en situation de handicap, il s'est souvent senti désavantagé et a vécu quelques altercations violentes dans la rue. « Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds et à accepter n'importe quoi. C'est pourquoi je ne voulais plus être considéré comme une simple victime. »
Sa passion pour les sports de combat a commencé avec une offre de loisirs du service social « Autodéfense pour personnes en situation de handicap ». Ce cours intensif d'une semaine l'a tellement impressionné qu'il s'entraîne régulièrement depuis 1997 à l'école de wing tsun d'Oberbuchsiten et travaille déjà au 5ème degré praticien. L'homme de 53 ans en est bien conscient : pour apprendre les arts martiaux, il faut avoir l'esprit combatif, de la persévérance et le courage de lutter contre ses propres faiblesses et imperfections.
« Beaucoup m'ont dit que l'autodéfense en fauteuil roulant n'était pas possible. Je dis qu'il n'y a pas de garantie ou de recette miracle, mais découvrez-le par vous-même lors d'un entraînement d'essai. Adapter les techniques des sports de combat aux possibilités individuelles est et reste hautement expérimental – mais cela en vaut la peine ! »
Fernando Buonocore, utilisateur de fauteuil roulant et adepte du wing tsun
The No Names : l'autodéfense avec un handicap
L'association The No Names, qui existe depuis 2016, se base sur les propres expériences de son président Marcel Wäfler. Il est lui-même handicapé physiquement, travaille comme moniteur polysport chez Procap et possède le 1er Dan de Nippon jiu-jitsu.
La manière dont les besoins individuels sont pris en compte dans les cours est impressionnante : ils ont lieu à Belp ou à un autre endroit au choix, sous forme de cours individuels ou en groupe, en plusieurs séances, en séminaires d'une demi-journée ou d'une journée entière.
Une participante aux cours donne ici (en allemand) ses impressions sur l'atelier « Autodéfense au quotidien pour personnes en situation de handicap », organisé par Procap Suisse centrale. Les personnes intéressées peuvent s'inscrire au cours d'autodéfense en plusieurs parties dans la région de Thoune. Le cours est organisé en collaboration avec Procap canton de Berne.
« L'aspect psychologique joue également un rôle important : il faut avoir confiance en soi pour pouvoir résister. »
Marcel Wäfler, président de The No Names
Kung-fu en fauteuil roulant : wing chun
Le wing chun s'adresse à tous ceux qui souhaitent s'initier à l'art du combat et de l'autodéfense sans risque pour leur santé ni crainte. Cette forme de combat ne fonctionne pas selon le principe « force contre force », mais avec la force de l'adversaire ; au moyen de techniques et de positions habilement choisies dans l'espace pour une contre-attaque simultanée.
JustKnow Schweiz propose des cours individuels ou des entraînements en groupe à Lucerne, Baar et Zurich, spécialement adaptés aux possibilités individuelles des personnes présentant des handicaps physiques. De plus, des cours d'autodéfense avec la technique israélienne krav-maga sont proposés sur demande.
Des arguments « percutants »
Apprendre un sport de combat, un art martial ou l'autodéfense ne permet pas seulement de renforcer ses muscles :
- Formation à la mobilité physique et mentale
- Amélioration du sentiment de bien-être physique
- Optimisation de la coordination, de l'endurance et de la mobilité
- Renforcement de l'équilibre et des fonctions physiques
- Renforcement de la confiance en soi et de l'estime de soi
- Promotion des compétences sociales, par ex. l'équité, l'empathie, l'esprit d'équipe, le leadership
- Pour les groupes d'entraînement mixtes : meilleure communication entre les personnes avec et sans handicap ainsi que promotion et intégration ciblées des groupes socialement défavorisés
- Et enfin : jeu et amusement
Pendant une formation optimale autour de l'autodéfense, les thèmes suivants sont abordés :
- Comment les attaques peuvent-elles être évitées ?
- Quels sont les signes indiquant des situations ou des personnes potentiellement dangereuses ?
- Quels moyens verbaux favorisent la désescalade ?
- Si une attaque ne peut pas être évitée : Quelles sont les techniques de défense physique que je peux utiliser – adaptées à mes capacités individuelles ?
En avant pour le combat !
Lors d'un entraînement d'essai ou d'un cours d'initiation, vous découvrirez si les entraîneurs et la technique correspondent à vos propres capacités et souhaits. Et bien sûr, un entraînement régulier est décisif pour le succès. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à découvrir votre « point fort ».
Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) dans une situation délicate dans laquelle vous avez dû vous défendre ? Avez-vous déjà suivi un cours d'autodéfense ou pratiquez-vous régulièrement un sport de combat ou un art martial ? Alors dites-nous en plus ...